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Articles de presse 

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lapresse.tn/116271/exposition-tourments-de-lartiste-hope-mokded-a-nimes-exposition-engagee

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combat-jeune.com/2019/01/29/hope-mokded-mes-peintures-sont-des-autoportraits-de-mes-emotions-des-autoportraits-sans-visage

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combat-jeune.com/2020/05/22/hope-mokded-jai-lambition-de-choquer-de-questionner-et-daccuser-le-voyeurisme-des-spectateurs-de-les-mettre-face-a-cette-brutalite-causee-par-les-hommes

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Article de presse :

 

 

Nîmes : une exposition pour lutter contre les discriminations envers les femmes

SocialExpositionsNîmes

Publié le 06/12/2021

L’artiste tunisienne Hope Mokded, invitée par Amaos et l’Art en contre, a accroché ses œuvres aux cimaises de l’espace Léon-Vergnole.

C’est dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes que les associations Amas et Art en contre ont demandé à l’artiste tunisienne Amal Mokded, alias Hope Mokded, bien connue du monde artistique international, de venir présenter ses œuvres à la population nîmoise en général et de Pissevin en particulier.

L’exposition "Tourments" s’est posée à l’espace Léon-Vergnole le temps de sept petits jours. "Elle s’inscrit dans le cadre d’un projet de ville pour la lutte contre toutes les formes de discriminations faites aux femmes, précise Sylvaine Louradour de l’Art en contre. Différents ateliers autour de créations artistiques abordent les problèmes d’inégalités subies par les femmes. Hope, que nous connaissons bien, en a fait l’objet de ses recherches artistiques. Elle nous a fait aujourd’hui le plaisir de nous les présenter."

Soumya Zidi, directrice d’Amaos, abonde en ce sens : "Avec une exposition d’œuvres aussi fortes, nous avons voulu appuyer l’émancipation des femmes, qu’elles deviennent autonomes. C’est aussi l’occasion de mettre en valeur le travail que notre association fait toute l’année sur ce sujet."

Des œuvres marquantes ont été exposées, fortes en symboles représentant cette lutte contre toutes formes de violences, comme l’explique l’artiste peintre vidéaste, Hope Mokded : "Il me tient à cœur de pouvoir exprimer les violences visibles et invisibles faites aux femmes. J’ai décidé de représenter des corps disloqués comme preuves de cette violence physique, psychique, morale que la société banalise trop souvent. Mes peintures expriment la passivité de notre société à ce sujet. Si on reste silencieux c’est qu’on cautionne les violences. Pour moi, il faut changer les états d’esprit, changer les choses."

Quand on lui demande ses impressions sur sa venue dans un quartier prioritaire nîmois, elle qui est habituée à des galeries plus connues, elle répond sans détour : "Je suis native du sud de la Tunisie et venir ici, dans le sud de la France, cela représente un symbole pour moi. C’est mon choix artistique et politique." À noter qu’un délicieux repas végétarien, concocté par les membres d’Amaos, a ravi les papilles des convives invités au vernissage de l’exposition.

Correspondant Midi Libre : 06 87 35 18 06

 

Article de presse :

https://lapresse.tn/116271/exposition-tourments-de-lartiste-hope-mokded-a-nimes-exposition-engagee/?fbclid=IwAR0ujKF9_DzbD0gt-miH91Ef_1wPTjjtT56DAyY0jXx8drX8dK5sCVndPjg

 

Exposition « Tourments » de l’artiste Hope Mokded à Nîmes: Exposition engagée

Par Haithem Haouel

 

FacebookTwitterLinkedInEmaiC’est à l’espace Léon Vergnole à Nîmes, en France, qu’a eu lieu le vernissage de  l’exposition « Tourments » de l’artiste tunisienne Hope Mokded. L’événement s’est déroulé le 25 novembre 2021, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes

L’exposition est accessible jusqu’au 29 novembre 2021 par l’association « l’Art en contre » en partenariat avec l’association Amaos. « Les tableaux de l’artiste reflètent l’expression de la douleur, la souffrance, les drames conjugaux, les crimes passionnels, la torture, les cauchemars, la mort, le deuil, l’avortement et la perte», cite le un communiqué. Autrement, toutes sortes de calvaires ou d’épreuves difficiles vécus par les femmes. Hope Mokded exprime les violences visibles et invisibles infligées, mentales et physiques, pousse les visiteurs curieux à agir, en les sensibilisant contre toute forme de torture, et dénonce à travers ses œuvres ces comportements toujours très courants de nos jours, aussi fréquents que les féminicides. L’artiste, à travers son travail engagé, dénonce l’indifférence de la société, gangrénée par le patriarcat.    

Hope Mokded prend la parole

« J’ai pris le parti de revenir à la figuration ce qui me permet de confronter le spectateur face à son voyeurisme et lui donner la possibilité d’agir. J’ai donc décidé de représenter des corps fragmentés, disloqués, ce qui m’a permis de faire apparaître des traces de violence tels que les bleus et l’excision comme preuves de cette violence physique, psychique et/ ou morale. La société banalise ces violences par son indifférence du vécu des femmes en privé comme en public générant ainsi tortures et féminicides encore à notre époque.

Mes peintures expriment la passivité de notre société sourde, négligeant les cris des femmes et cautionnant le système patriarcal machiste. Mes peintures représentent l’expression de la douleur, de la souffrance, des drames conjugaux, des crimes passionnels, la torture, les cauchemars, la mort, le deuil, l’avortement et la perte. J’essaye de mettre en scène la victime de violence dans un espace qui correspond à son chagrin, sa sensation de perte, de choc, d’abandon, de défaite et de vertige. Cet espace intérieur représente le lien de la femme avec le privé et l’intime, enfermée dans ces lieux clos, cachée au regard du quidam soulignant de nouveau l’oppression de l’homme sur la femme.

Dès qu’elle revendique le droit de sortir dans l’espace public et d’exprimer à haute voix ses droits, elle est attaquée et traitée de sorcière  ou tout simplement marquée dans sa chair par les traces d’une volonté de dominer totalement son corps et son esprit. L’enferment pour elle devient inévitable.  Abandonnée par son entourage, chutant dans un gouffre, elle est seule pour réapprendre à vivre, survivre avec ces séquelles et avec ses traumatismes pesants. Parfois même l’ultime peut surgir, la mort comme issue possible. Dans ce gouffre, elle est représentée, les seins sectionnés, ce qui illustre une partie de soi coupé et le regard biaisé sur soi-même, illustrant cette perte de l’estime de soi, la perte de confiance dans la personne qu’on aime, la sensation de culpabilité et de mal-être, le cœur coupé, déchiré.

Je fais appel  ici au symbolisme renforçant le sentiment d’évidence du spectateur. Il n’est plus possible pour lui de se dérober. Mon choix de reprendre certaines œuvres connues des artistes tel que (Bacon, Van Gogh) participe aussi à capter le regard du spectateur qui ne peut plus s’échapper : il ne remarque plus que les différences montrant de manière cru le traumatisme sous-jacent.   L’artiste agit dans l’air du temps à travers ses peintures engagées.   

Focus sur Hope Mokded

Hope Mokded a fait ses études à l’Institut supérieur des Beaux-arts de Tunis — spécialité gravure et a obtenu un master de recherche en arts plastique à Strasbourg dans lequel elle a axé ses réflexions sur la problématique de la violence invisible, qu’on pourrait définir comme une violence sociétale acceptée ainsi que sur comment une artiste et femme peut créer une trace de cette violence afin de la rendre intelligible.

Elle vit et travaille à Paris et a fait ces dernières années des expositions personnelles et collectives. Elle a travaillé dans le cadre du festival « Cineffable » à Paris, du Workshop «c’est quelque part par-là» au Syndicat Potentiel à Strasbourg, a participé dans une exposition au Ceaac  nommée « There is no place Iike home». Elle a, à son actif, une Installation photographique « Chaos Echoes » et a enchaîné avec une exposition personnelle à la station Lgbti  Alsace «Végétations». Elle fera partie d’une exposition collective au Festival d’art féministe de Strasbourg, le Femfest : « Subjectivité féminine ».

L’artiste tunisienne a également réalisé des films, participant ainsi à de nombreux Festivals et événements tels que Le Festival « Art féministe « Chouftouhonna » en 2016 à Tunis avec son court métrage « Brume », et grâce au film « Le bleu de tes yeux», elle a pu enchaîner le « Festival printemps culturel tunisien à Paris », le « Festival international du film amateur de Kélibia (Fifak)» ainsi que le festival « For the 4th edition of Olhares Mediterrâneo » à Lisbonne.

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HAITHEM HAOUEL

 

Equipe de rédaction, La Presse

 

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Article de presse :

 

https://combat-jeune.com/2020/05/22/hope-mokded-jai-lambition-de-choquer-de-questionner-et-daccuser-le-voyeurisme-des-spectateurs-de-les-mettre-face-a-cette-brutalite-causee-par-les-hommes/?fbclid=IwAR1XVry0j-zB7hFN2H1D5uLV72t6Ews7sNPpPhNSuu2dQcCbR4fFQ0iKSmY

 

GOUTTES D'EAU

Hope Mokded : « Je veux choquer, questionner et accuser le voyeurisme des spectateurs »

Hope Mokded est une artiste tunisienne engagée au travers d’associations, de collectifs ou de son travail. Plasticienne et réalisatrice, elle s’intéresse particulièrement à la place de la femme aussi bien dans son pays d’origine que dans le reste du monde. Après des études d’arts à Tunis, Hope Mokded se spécialise sur la question des violences faites aux femmes, à Strasbourg. Après avoir exposé aussi bien à Tunis, à Bruxelles qu’à Venise, l’artiste est de retour à Paris pour son exposition Violence. 

Combien de peintures sont exposées dans le cadre de votre exposition Violence ? Combien de temps cela vous a pris ?

Dans Violence, j’ai choisi douze peintures, dont une est un diptyque de grand formats. Ma recherche sur l’image de la violence a commencé depuis 2011 mais ma réflexion et mon travail sur le projet violence ont commencé à partir de septembre 2019. Dans le cadre de la journée mondiale des droits de la femme, je vais projeter onze courts métrages.

Plusieurs tableaux de la série Violence. © Hope Modked

Qu’entendez-vous par « Violences invisibles » ?

La violence invisible dont je parle dans mon travail, c’est la domination masculine, les violences psychologiques et le harcèlement moral.

Dans le livre de Christine Delphy, Classer, dominer Qui sont les autres ? paru en 2008,  dans le premier article intitulé ‘Les Uns derrière les Autres’, Delphy traite de la marginalisation, de l’oppression, de la domination et de la normalité. En effet, l’opposition entre femme et homme s’est construite parallèlement à la hiérarchie, donc la division sociale est hiérarchique : elle oppose les supérieurs aux inférieurs, les hommes aux femmes. Selon Christine Delphy, cette hiérarchie est née à cause du « rejet de l’autre ». Ce rejet de l’autre, cette « haine du différent », selon elle, ne sont pas « naturels » dans le sens où ce n’est pas la nature humaine qui en est responsable, mais c’est la société, qui a créé cette notion de « l’autre ».

Les rencontres avec les gens qui influencent nos vies : il y a ceux qui nous poussent vers l’avant. Malheureusement, il y a aussi ceux qui veulent nous faire du mal. Faire du mal sans laisser de preuve. La violence psychologique peut arriver à démolir l’être humain. Elle peut causer dépression, confusion, perte d’estime de soi, état de choc, perte d’identité, peur, isolement et pousse même au suicide. La violence perverse se remarque souvent dans le cadre privé tel que le couple et la famille. Quoique cette violence peut être présente aussi dans le cadre de travail ou d’étude.

« Un individu peut réussir à démolir un autre par un harcèlement moral. Il arrive même que l’acharnement se termine par un véritable meurtre. »

Pourquoi avoir choisi de vous focaliser sur les violences invisibles ?

Effectivement dans ma précédente exposition Vulvnérable, je me suis concentrée sur la violence invisible, la domination masculine et le harcèlement moral. Mais cette fois, avec mon exposition Violence, j’ai mis en image la violence visible et invisible. Nous remarquons le sang dans les tableaux, le bleu dans les yeux, les ciseaux, les crochets, l’excision et les traces sur le corps. J’ai donc essayé d’aller plus loin pour choquer le spectateur.

Carrousel, 70×115, acrylique sur toile, 2020 © Hope Mokded

Vos tableaux sont plutôt “sombres” en termes de couleur et de signification. Est-ce un parti pris ? Êtes-vous pessimiste quant au devenir des femmes et au changement de mentalité ?

Oui j’ai eu des remarques de la part de quelques spectateurs qui m’ont dit que mon art est gore. Que je montre beaucoup la mort, les bleus et les cadavres. Que mon art est sombre dans le sens où il traite des problématiques difficiles à en parler. En même temps, dans la palette des couleurs, j’ai essayé d’expérimenter une diversité des couleurs et de créer des contrastes entre le corps des femmes et l’environnement qui les entoure. Dans mes tableaux, nous remarquons aussi un halo de lumière, en doré, qui entoure les victimes pour les valoriser et les sacraliser.

Je suis très optimiste en ce qui concerne le devenir des femmes et au changement de mentalité, en observant ce qui se passe par exemple en Tunisie. Il y a la naissance de deux mouvements féministes radicaux intersectionnel « Falgatna » et « Ena zeda », et ce, à l’instar de ce qu’il se passe dans le reste de monde arabe où il y a de plus en plus de mouvements féministes qui apparaissent.

En France, il y a de plus en plus d’associations et de mouvements féministes créati.fs.ves dans leurs luttes. A titre personnel, il y a des artistes qui accuse la violence et le viol et la pédophilie, telle que la réaction d’Adèle Haenel qui a quitté la salle Pleyel après la remise du César à Roman Polanski pour la réalisation de « J’accuse », qui redonne beaucoup d’espoir.

Quelles réactions espérez-vous de la part des personnes qui se rendent à votre exposition ?

J’ai l’ambition de choquer, de questionner et d’accuser le voyeurisme des spectateurs, de les mettre face à cette brutalité causée par les hommes. Mon désir est qu’ils prennent enfin leur part de responsabilité face au silence qui entoure la violence faites aux femmes

Pouvez-vous nous expliquer un de vos tableaux de l’exposition Violences invisibles ?

La mer rouge tout d’abord est un diptyque qui parle de l’histoire de deux femmes qui sortent de la mer sanguine après avoir parcouru un long chemin plein d’atrocités. Toutefois, elles ont survécu. Un halo de lumière entoure les femmes et les sacralise. La lumière symbolise la résilience, le dépassement du trauma. Mais d’autres femmes et d’autres corps n’ont pas réussi à dépasser ce chemin et se sont transformés en cadavres. La présence d’animaux symbolise la possibilité d’une existence égalitaire entre tous les êtres vivants.

La mer rouge,115×140, acrylique sur toile, 2020. © Hope Mokded

Il existe dans ce tableau un aspect très mythologique/biblique avec la mer de sang, les pyramides…

Les flèches et les croix sont une référence à Francis Bacon. Dans d’autres tableaux, cette référence apparait au travers de la présence des corps disloqués. Dans cette œuvre, pour parler du parcours vécu par les femmes, de leur mouvement et d’où elles viennent, ces personnages ont un visage générique, sans expression, sans yeux pour pouvoir se projeter dans ces corps sans visage.

Au niveau du traitement pictural, les touches de peinture acrylique se superposent pour créer les corps et les vagues de la mer, l’encre rouge coule symbolisant la coulure du sang.

J’ai aussi utilisé une texture de sable en bas du tableau pour accentuer l’idée de la mer.

Par rapport à la composition, il existe une symétrie mais en même temps un déséquilibre quant à la multitude des corps existant dans la partie gauche du diptyque.

J’ai mis beaucoup d’énergie dans cette œuvre. Je l’ai travaillé d’une manière obsessionnelle. Je l’ai choisis car elle est pleine de symbolisme et elle résume les problématiques abordées dans cette série « Violence ».

Vous avez exposé en France, en Belgique mais aussi en Tunisie. La réception vis-à-vis de vos œuvres est-elle semblable ?

En effet, j’ai exposé l’été dernier la même série Vulvnérable à Tunis dans la galerie el teatro que j’avais déjà exposé en février dernier à Paris à violette and co. Les personnes que j’ai touché à el teatro sont des habitués de l’art et aux galerie donc la présentation de la vulnérabilité des vulves a choqué mais n’a pas heurté les mœurs. J’espère aller plus loin en Tunisie dans des lieux plus accessibles par tout le monde.

Par contre, avec cette dernière exposition Violence, j’ai pu toucher plus de monde qui ne sont pas habitués à aller à des expositions. Ainsi, j’ai pu avoir beaucoup de discussions et de critiques enrichissantes et inspirantes.

Hommage à Man Ray © Hope Mokded

Considérez-vous que l’art est un moyen d’agir sur les personnes ? et dans ce cas présent, pensez-vous que votre exposition ait le pouvoir de faire prendre conscience aux personnes des violences Invisibles ?

L’art a toujours eu des artistes et des collectifs engagés qui considèrent qu’il est un moyen d’agir sur les personnes, tel que les artivistes, les situationnistes ou encore les artistes féministes.

À travers mon exposition, j’ai essayer de choquer, bouleverser et questionner le spectateur, de le mettre face à l’atrocité faite aux femmes en réalité. Face à mon exposition le spectateur ne peux plus fuir.

Où puisez-vous votre inspiration ?

Je puise mon inspiration dans l’histoire de l’art féministe, telles que les artistes Marina Abramovic, Gina Pane, Mouna Hatoum, Niki de Saint Phalle, Georgia O’Keeffe ou bien sûr Chantal Akerman

Mon travail d’auto-filmage sont des autofictions inspirées de mon vécu. Serge Doubrovky a créé le terme « autofiction ». Il écrit : « L’autofiction est la fictionnalisation du vécu par la manière de l’écrire. » Cette citation explique le pouvoir de l’autofiction à se réinventer, à fouiller dans son propre vécu, à redonner vie et à mettre en action des souvenirs. Chantal Akerman a utilisé cette technique dans certains de ces films.

 

Quels sont vos futurs projets ?

Mes prochains projets sont : en cinéma, un film intitulé Build up sur la violence faites aux femmes et aux enfants. J’ai aussi un projet sur les maladies psychologiques au féminin qui sera lui un projet d’art plastiques qui sera réalisé avec différentes techniques (gravure, peinture, écriture, installations sonore et montage photographique ainsi que du collage). De cette manière, je souhaite pousser encore plus l’exploration autour de tous les aspects des violences faites aux femmes et de toutes leurs conséquences.

 

L’exposition Violence d’Hope Mokded est disponible jusqu’au 1er juin, au centre LGBTQI+, 63 rue Beaubourg, 75003, Paris.

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CULTURE

Portrait Hope Mokded, artiste peintre et vidéaste : Celle qui questionne l’intime pour parler féminisme

Par Meysem MARROUKI

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Hope définit sa pratique artistique comme des instants libres où elle vit une expression à la fois corporelle, en tant qu’immédiateté, et sensorielle par le geste qui, pour elle, est une forme d’extériorisation.

Elle présente, actuellement, son exposition personnelle « Vulnérable » à la galerie Aire Libre à El Teatro où elle questionne, à travers la vulnérabilité intime, l’ensemble des violences infligées aux femmes. Amal Mokded alias Hope Mokded est une artiste peintre et vidéaste tunisienne qui vit et travaille à Paris. Portrait
Née en 1988 à Gabès, Hope Mokded a fait ses études à l’institut supérieur des Beaux-arts de Tunis et s’est spécialisée en gravure. Elle a continué ses recherches à l’université de Strasbourg, pour axer ses réflexions sur la problématique de la violence invisible, qu’elle définit comme une violence sociétale acceptée. En tant qu’artiste et femme elle s’est intéressée à la manière de créer une trace de cette violence afin de rendre celle-ci intelligible.
Elle a réalisé, ces dernières années, des expositions personnelles et collectives à l’instar de l’exposition au Ceaac « There is no place Iike home », l’ installation photographique Chaos Echoes, une exposition personnelle à La Station LGBTI Alsace intitulée «Végétations» et l’exposition collective « Subjectivité Féminine », dans le cadre du Festival d’art feministe de Strasbourg Femfest. et l’exposition collective « I am my body I am my memory» à Venise.
Egalement vidéaste, l’artiste a à son actif un bon nombre de films à l’instar de « Brume», «Le bleu de tes yeux» et «Post Violence» grâce auxquels elle a pris part à différents festivals et événements nationaux et internationaux à l’instar du Festival Art féministe Chouftouhonna à Tunis, le Festival printemps culturel tunisien à Paris,le Festival international du film amateur de Kélibia (Fifak – Tunisie), le Festival for the 4th edition of Olhares Mediterrâneo à Lisbonne. Son dernier film «Violent c-elle» a été sélectionné, entre autres, au Cefalù film festival en Italie.
Les artistes qui inspirent Hope Mokded sont essentiellement des artistes féministes telles que les plasticiennes Sophie Calle, Niki de Saint phalle , Marina Abramovic , Gina Pane et les réalisatrices Chantal Akerman et Agnès Varda qui ont toutes, comme elle le souligne, la caracteristique de travailler sur le questionnement de l’intime.
Hope Mokded définit sa pratique artistique comme des instants libres où elle vit une expression à la fois corporelle, en tant qu’immédiateté, et sensorielle par le geste qui, pour elle, est une forme d’extériorisation: «Mon œuvre traite, aujourd’hui, principalement, de la violence faite aux femmes. Pour cela j’utilise, particulièrement, deux médiums qui sont la vidéo et la peinture», nous a-t-elle précisé et d’ajouter que l’art vidéo est profondément lié à la lutte féministe. Dans sa qualité d’outil,  il permet d’enregistrer, de mémoriser et de donner la parole aux opprimés. La vidéo, pour elle, a des qualités techniques susceptibles de participer au traitement de certaines névroses: «C’est une sorte d’exploration de témoignages intimes qui m’offre une facilité pour créer en sachant que le sujet est, souvent, mon propre corps et ma propre image. Ceci me permet ainsi de faire un travail d’introspection.», note-t-elle.
En peinture, elle utilise le dripping (technique popularisée par Pollock après 1945) qui, comme elle le souligne, lui offre une liberté gestuelle et un rapport direct avec le support et la matière. Une technique qui lui permet de créer des mouvements pendulaires: «Le balancement du bras génère des sinuosités sur toute la surface de la toile. J’utilise tout mon corps, j’imprime mes empreintes de pieds sur le support, je laisse une trace, la marque d’une présence», note-elle et d’ajouter que la relation entre le corps de l’artiste et le support relève de l’art corporel.
Dans « Vulnérable » exposée à la galerie El Teatro, elle tente de sublimer la supposée laideur des menstruations. Une fragilité qui, comme elle l’écrit, révèle une beauté jusqu’ici niée dans l’imaginaire collectif. L’artiste tente ainsi de réhabiliter la femme et son propre corps dans ce qui paraît être le plus intime.
Cette exposition représente pour elle à la fois un retour dans le lieu où tout a commencé, la première galerie dans laquelle elle a exposé ses gravures à travers des expositions collectives, mais aussi sur le sol qui l’a vu naître et qui a inspiré ses recherches sur les violences visibles et invisibles faites aux femmes. «Dans la société tunisienne, une femme sur deux subit les violences. Témoin privilégié, je puise mon inspiration dans ce que j’ai pu observer, dans ce que j’ai vécu et dans les séquelles qui subsistent après les violences», affirme l’artiste en ajoutant que les violences dont elle parle sont liées à «la domination masculine, le harcèlement moral, le trauma après la violence, les menaces latentes à partir du moment où il y a oppression». Une violence morale qu’elle dit plus traumatisante, plus présente et difficile à discerner que la violence physique car elle est masquée dans la réalité quotidienne.
Pour ce qui se fait actuellement, sous nos cieux en matière d’arts plastiques et arts visuels , l’artiste qui vit en France constate que pas mal d’artistes s’attaquent à la problématique des tabous présents dans la société tunisienne. « Je remarque aussi qu’il y a beaucoup d’artistes comme moi qui ont choisi l’exil ou de partir au moins provisoirement. Je pense que ces deux constats sont liés à la place qu’occupe l’artiste en Tunisie», affirme-t-elle dans ce sens.
Son exposition est visible jusqu’au 29 juillet 2019.

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MEYSEM MARROUKI

 

Equipe Rédaction La Presse de Tunisie

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Hope MOKDED – « Mes peintures sont des autoportraits de mes émotions, des autoportraits sans visage »

 

« Vulvnérable », c’est le nom de l’exposition de Hope MOKDED qui se déroulera du 9 février au 10 mars prochain à Paris. Hope MOKDED est née en il y trente ans à Gabès en Tunisie. Elle a d’abord entamé ses études à l’Institut Supérieur des Beaux-arts, puis a continué ses recherches à l’Université de Strasbourg. Elle vit et travaille actuellement à Paris et participe régulièrement à diverses expositions.

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Tout de suite interpellée par cette affiche paraissant éclaboussée de violence, nous sommes allées à la rencontre de cette jeune artiste qui a accepté de répondre à nos questions.

L.H : Pourrais-tu revenir sur ton parcours artistique et nous parler des diverses expositions auxquelles tu as participé ?

H.M : «  Je vis et je travaille à Paris. J’ai fait ces dernières années des expositions personnelles et collectives dans le cadre de Cineffable à Paris,

Workshop « C’est quelque part par-là », L’exposition au CEAAC « There

is no place like home ». J’ai participé à une installation photographique Chaos Echoes, à l’exposition personnelle à La Station LGBTI Alsace « Végétations », à l’exposition collective au Festival d’art Féministe de Strasbourg Femfest « Subjectivité Féminine », j’ai également participé à une résidence d’artiste avec la commission européenne Jsciart summer School en Italie.

J’ai participé par mes films à de nombreux Festivals et évènements tels que Le Festival Art féministe Chouftouhonna 2016 avec mon court métrage « Brume », et avec le film « Le bleu de tes yeux » au Festival Printemps Culturel Tunisien à Paris, Le Festival International du Film Amateur de Kélibia (FIFAK – TUNISIE) et au Festival for the 4th edition of Olhares do Mediterrâneo à Lisbonne, etc.

J’ai axé mes réflexions sur la problématique de la violence invisible, qu’on pourrait définir comme une violence sociétale acceptée, et sur comment, en tant qu’artiste et femme, créer une trace de cette violence afin de rendre celle-ci intelligible. »

L.H : Comment as-tu souhaité représenter cette violence invisible dans tes œuvres ?

H.M : « Les violences dont je parle sont la domination masculine et le harcèlement moral, le trauma après la violence, les menaces latentes à partir du moment où il y a oppression. Cette violence traumatisante est encore plus présente et difficile à discerner que la seule violence physique car elle est masquée dans la réalité quotidienne.

En observant mon travail et avec le recul, j’ai pu constater que l’émotion exprimée traite, de manière systématique, de la douleur, la souffrance et la tragédie, mais occasionne également chez le spectateur une sensation d’une perte de repères. Mon travail a une vocation à montrer comment vivre après la violence, dans une relation quasi catharcissique, et comment se passe l’intime au quotidien. Je me mets finalement en scène et je questionne ma propre relation aux autres, à la société à laquelle j’appartiens. Je donne à voir le quotidien d’un point de vue interne, je donne à voir une subjectivité – la mienne – que je choisis d’explorer ainsi. Mon aptitude à témoigner de ma propre Histoire. L’autofilmage constitue, à mon sens, la possibilité d’une quête identitaire, constructive et intime de ce qui est au centre de nombreux travaux.

Dans la peinture j’utilise les dripping dans ma série Monstruation pour représenter les menstruations qui sont un tabou dans la société patriarcale. Je tente de sublimer ce qui est habituellement caché, censuré dans les publicités (hygiène intime). J’essaye, ainsi, de lever la honte qui entoure ce sujet. 

Mes expériences artistiques se veulent à la fois individuelles et collectives, témoignant de la violence faite aux femmes. En Tunisie, pays dont je suis originaire, ce phénomène est tellement grave qu’une femme sur deux est victime de violences conjugales. Désormais la violence faite aux femmes est presque légitime et normalisée tellement elle est banale et quotidienne. Cette banalisation pousse beaucoup d’artistes femmes à la réflexion pour éveiller les consciences tout en attirant l’attention sur cette violence systémique basée sur le genre. »

 

L.H : Tu utilises le « dripping » pourrais-tu nous expliquer ce que c’est ? Pourquoi cette technique ?

H.M : « Le dripping est une technique inventée et théorisée par Jackson Pollock basée sur le jet de matière (peinture, encre) sur différents supports. Jackson Pollock s’est exprimé ainsi dans un interview en 1956 : « Je suis quelque fois très représentationnel, et un peu tout le temps. Si vous peignez à partir de votre inconscient, des formes doivent en émerger. Nous sommes tous influencés par Freud, je pense. Je suis depuis tout le temps jungien…La peinture est un état d’être…peindre c’est se découvrir soi-même. Tout bon peintre peint ce qu’il est. »[1]

L’expressionnisme abstrait a aboli l’objet, ainsi que la distance entre l’artiste et le support. Supprimer l’objet signifie aussi supprimer les règles de la composition, la perspective, la profondeur de champ. L’annulation de l’objet résulte aussi de la déconstruction des normes de beauté, ainsi on ne juge plus l’œuvre selon les critères esthétiques admis.

Cette révolution esthétique donne une liberté à l’artiste, à son corps et à son émotion. C’est pour cette raison que l’art du geste possède une dimension humaniste, elle valorise le geste, les sens de l’artiste, son mouvement, son corps et son état d’esprit avant de s’intéresser au produit final. L’Humain qui gagne de la valeur face à son produit relève d’une approche anticapitaliste.

Mes peintures sont des autoportraits de mes émotions, des autoportraits sans visage. Ils découlent d’un besoin d’expression libre. Je me bats contre l’angoisse, face à moi-même par les jets d’encre et d’acrylique rouge sur la toile. Après la fatigue causée par l’action de peindre, avec un couteau ou un rouleau, je marque ma maitrise, mon emprise sur mes sentiments. Ce moment-là est un moment d’expression pure sans peur d’être regardée. Ainsi, je garde mes traces sur le papier ou la toile sans le souci de faire beau ou de rendre beau. Un chaos de mélanges des couleurs sobres, noires, rouges, grises se créé, ce qui reflète un flou intérieur, une soif de s’exprimer à l’état naturel grâce à la matière, sans cogiter, sans avoir recours à la parole. C’est un combat contre le gouffre, la peur et les hantises. Nietzsche met en garde contre les dégâts illusoires et les hantises, il déclare :

« Celui qui doit combattre des monstres doit prendre garde de ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes dans un abîme, l’abîme regarde aussi en toi. »

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L.H : Sur ta page Facebook tu as noté : « You can’t be an artist without accepting the vulnerability that it includes ». On retrouve cette idée de vulnérabilité, dans le nom de ton exposition, « vulvnerable», est ce que tu pourrais nous expliquer ce choix ?

H.M : « D’après mes expériences personnelles, la violence démembre l’être, elle le brise en morceaux, il devient un simple témoin de sa force, les séquelles cachées restent figées à l’intérieur de nous, elles font partis de notre psychisme, de notre corps.

Que je le veuille ou non, l’expérience de la violence m’a changée instantanément, j’ai été défigurée émotionnellement. Le temps a laissé une trace profonde sur mon âme et cet acte de violence continue de vivre en moi. Ma mémoire est un « temps qui ne passe pas ». En effet, ce qui freine le temps c’est la fixation de la violence dans mon esprit. Par ses empreintes et ses traces, elle continue de me hanter. A travers l’art je brise le silence et je donne la parole à cette lutte intérieure, sourde et muette. Je me pose les questions et je transforme ce questionnement en source d’inspiration, de détermination et de réflexion. Après un vécu violent qu’est-ce que je suis devenue ? Si son incrustation dans mon corps et mon être m’a totalement brisée, est-ce que sa trace devient une part de mon identité ?

« Le vent se lève ! il faut tenter de vivre », disait Paul Valéry dans le Cimetière marin.

L’art représente pour moi la résistance face à cette partie indésirable qui m’a transpercée, je la pratique pour survivre sans nier les faits, regarder la violence en face et tenter de la dénuder pour comprendre sa bestialité et sa froideur.  On ne peut pas accepter la créativité sans accepter la vulnérabilité en nous. En effet, je pense que chaque artiste et créateur a une grande part de sensibilité et de souffrance, beaucoup de chaos en soi pour créer.

Comme disait Nietzsche : « Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse ». L’artiste via sa sensibilité expérimente différemment les douleurs et peut en créer par la catharsis des œuvres. »

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L.H : Qui sont les artistes français et tunisiens que tu admires le plus, qui ont été pour toi tes plus grandes sources d’inspiration ? Pourquoi ?

H.M : « J’admire l’artiste française Gina Pane qui est une des représentantes majeures de l’art corporel. Dans son travail elle a questionné la limite du corps, son rôle et sa relation au monde.

Sophie Calle parce qu’elle est l’artiste de l’intime. Son travail artistique consiste à faire de sa vie et notamment des moments les plus intimes, une œuvre. Pour ce faire, elle utilise tous les supports possibles : livres, photos, vidéos, films, performances, etc. La cinéaste belge Chantal Akerman, elle, m’a conforté dans le choix d’autofilmage comme technique grâce à son questionnement autour de l’identité à travers ses films. » 

L.H : Est-ce que tu pourrais nous présenter une de tes œuvres, une de tes plus grandes fiertés, et nous expliquer ce qu’elle représente pour toi ?

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H.M : « Une fêlure en lumière est une sublimation d’une blessure, l’intime ici est suggérée par les lignes, cela décrit une fragilité de l’intérieur, un affrontement entre ombre et lumière sans pour autant qu’il y’ait un vainqueur. A travers le dessin des formes géométriques j’essaye de structurer un chaos. Quelque part, avec toutes les vulves dissimulées dans l’œuvre, il existe un détournement aux tabous que représente le plaisir féminin.

J’ai voulu ajouter une œuvre représentative de ma série « Monstruation » sur laquelle j’ai axé ma prochaine exposition Vulvnérable. Pour cette œuvre j’ai utilisé différentes techniques telles que le dripping, le dessin automatique, le pochoir. La multiplication des procédés utilisés m’ont permis d’exprimer la complexité des corps féminins dans leur fonctionnement le plus intime. »  

 

Vous souhaitez en savoir davantage sur le travail de cette artiste pleine de talent ? Rendez-vous  sur son site internet, https://www.artmajeur.com/fr/amal6mokded/artworks ou du 9 février 2019 au 10 mars 2019, au 102 rue de Charonne, à Paris.  

 

[1]  Barbara, Hess Expressionnisme abstrait, TASCHEN,2016.p10

 

LOUISE HERVIEUX29 JANVIER 2019ART, FEATURED, HOPE

MOKDED, PEINTURE, TABLEAUX

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